Alliance Citoyenne – L’hôtel Dar El Barka de Nouakchott a abrité le mardi 29 septembre 2021 un atelier de partage des résultats de la Recherche Action et Plaidoyer pour l’éducation et la Protection des enfants Almoudo et de la rue dans le contexte COVID 19.
Cette rencontre organisée par l’Ong Alliance citoyenne a réuni un panel d’acteurs impliqués dans les questions de la protection des enfants en général et en particulier des enfants en situation d’abandon ou de négligence comme les Almoudos et les enfants de la rue.
L’ouverture de l’atelier par la manager de l’Alliance Citoyenne, Madame Atikatou Dieng a permis de situer le contexte, sa tenue qui intervient après un travail d’enquête et de recherche action sur l’état des mahadras en corrélation avec la situation des enfants qui les fréquentent.
Des indicateurs ont permis de ressortir des données fiables pour établir des analyses quantitatives et qualitatives sur la vulnérabilité des enfants Almoudo et ceux de la rue. Un échantillonnage de 500 enfants adolescents des rues dont 400 « talibé » âgés de 3 à 17 ans a été exploité pour étayer les analyses.
Les enquêtes ont aussi ciblé 20 cheikhs de Mahadras opérant dans 20 écoles coraniques dans deux régions de Nouakchott et acteurs (parmi lesquels 10 chefs religieux influents, des Maires, des Universitaires, des Parlementaires et des Partenaires operant dans le champ de la protection de l’enfance) 300 parents et autres soignants ont été aussi identifiés dans ce cadre.
La combinaison de l’ensemble des informations collectées a abouti à l’élaboration des documents découlant d’une recherche d’action de terrain dans les zones de prédilection de ce phénomène des enfants en situation sans prise en charge parentale.
Les résultats de la cartographie des mahadras présentées par l’ong association pour la santé et le bien-être familial (ASBF ) et ceux de la recherche action par Alliance citoyenne ont fait l’objet de présentations techniques au cours desquelles les participants ont partagé le contenu des modules qui renseignent sur les réalités des conditions de vie des enfants Almoudo et leurs compères de la rue, le dur métier de la pitance journalière auxquels ils sont assujettis et les risques qu’il encourent violences , accidents , pandémie covid 19 etc… Selon les données fournies par les études présentées, les communes de Riyadh, d’El Mina et de Sebkha concentrent plus de cas de ces enfants venant dans leur majorité de sud de la Mauritanie et issus d’une seule communauté ( Halpulaar).
Pour mieux faire comprendre les causes de ce phénomène, l’érudit Oustaz Iman Ahmed Yéro Kiidé a tiré les sources de l’histoire des écoles coraniques dans la tradition de cet enseignement dans Fouta dont les règles ont été édictées par ses illustres pionniers comme l’Almamy Thierno Souleymane Ball. C’est donc un phénomène qui a un ancrage social et religieux dans cette communauté. Avec le temps et les crises économiques le visage de cet enseignement traditionnel a été stigmatisé pour se réduire au seul attribut de la mendicité avec tous les ostracismes dévalorisants. Certains exploitent le statut de Talibé pour en faire un gagne-pain.
Des acteurs d’horizons divers dont l’Unicef le partenaire financier de ce projet, les institutions publiques nationales en plus d’autres ONGs internationales et locales qui œuvrent à la protection des enfants de la rue ou de ce qui sont assimilés ont planché durant toute la journée sur cette problématique avec des angles de vue différents mais complémentaires savamment modérés. Par Mme Atikatou DIENG, Manager d’Alliance Citoyenne.
Dans ce cadre, la présence des cheikhs des mahadras, a été essentielle dans la compréhension de ce phénomène social et religieux séculaire dont les pratiques ont du mal à s’adapter à une éducation moderne normalisée et formalisée. Il est ressorti des discussions que les responsabilités sont partagées. Il s’agit moins de se rejeter la balle que de trouver des solutions pour éradiquer ce phénomène.
Pour l’UNICEF, il s’agit de renforcer l’environnement protecteur des enfants «Talibe» / «Almoudo», ainsi que des autres enfants vivant dans les rues de Nouakchott, y compris les filles, qui font partie des enfants les plus vulnérables de Mauritanie. Il faut nécessairement mobiliser les synergies et circonscrire le phénomène.
Un partage d’expériences et d’échange sur les résultats de la recherche action à travers le croisement de plusieurs points de vue a facilité la formulation des recommandations adressées à tous les acteurs Etatiques ou non aux imans et à tous ceux qui œuvrent à la protection des enfants.